Monastère des dominicaines de Lourdes

 

Sainte Catherine de Ricci

Par un anonyme contemporain de sainte Catherine de Ricci

Je vais parler de Catherine, née à Florence, moniale de l'Ordre des Prêcheurs, au monastère Saint-Vincent de Prato. Elle fut parmi nous une véritable épouse de Jésus et vous me demandez à son sujet des renseignements sûrs et authentiques. Cette vierge bénie procure aux cœurs droits et bons qui la connaissent une joie extrême, une grande allégresse dans le Seigneur. En effet, notre Dieu, à cause de son infinie majesté et de sa bonté, a voulu faire voir en elle qu'il est éternellement le fidèle, le tout-puissant, le très généreux.

En septembre 1540, on découvrit que Catherine souffrait en son propre corps la Passion du Fils de Dieu. Elle était ravie en extase à partir du jeudi soir et pendant toute la nuit jusque vers la fin de la nuit du vendredi, plus ou moins tard, selon le bon plaisir de son Époux divin. Et maintenant en­core elle est ravie en extase chaque semaine. C'est elle qui nous l'a révélé par obéissance.

Elle voit Jésus faisant ses adieux à sa mère, elle le suit à Béthanie et au Cénacle où la table est dressée. Là, elle voit Jésus lavant les pieds de ses disciples et instituant l'Eucharistie. Elle assiste à la prière de Gethsémani, elle voit le traître Judas et Jésus qu'on arrête. Elle regarde les grands prêtres et les autorités qui l'interrogent et elle voit Jésus accablé d'injures; elle assiste à la flagellation, au couronnement d'épines, au portement de croix et à la crucifixion. Elle voit Jésus suspendu au gibet pendant trois heures et luttant avec la mort; elle assiste enfin à la descente de croix.

Tout cela elle le voit; et non seulement elle voit, mais elle partage la souffrance du Seigneur. Et ce que lui-même n'a souffert qu'un seul vendredi, elle le souffre d'une manière étonnante chaque jeudi et chaque vendredi.

Ces tourments atroces, Catherine ne voudrait aucunement les souffrir, selon sa volonté sensible. Un jour, on l'a entendue au cours d'une extase demander à Jésus de la soulager quelque peu de sa croix; mais aussitôt, selon sa volonté spirituelle, elle se redresse et rend grâce à Dieu pour l'amour infini qu'il a envers une créature si indigne. Et elle ajoute qu'elle ne peut aucunement faire comprendre tout ce que notre Seigneur a souffert pour nous.

Depuis le 14 avril 1541, dans l'octave de Pâques, les plaies de notre Seigneur demeurèrent imprimées dans son corps. Et elle a dit souvent que la plaie du côté la faisait tellement souffrir qu'elle croyait qu'elle allait en mourir, tout en sachant qu'elle ne devait pas mourir par de telles blessures. Elle voit toujours nettement et distinctement les plaies imprimées dans ses mains et ses pieds. Ceux qui la voyaient ne pouvaient s'empêcher de dire: il semble qu'elle vient à l'instant d'être détachée de la croix. Les grandes choses que Dieu a opérées en son épouse sont innombrables. Des livres multiples et volumineux ne suffiraient pas à les relater. Mais il ne semble pas convenable d'exposer sa vie avec plus de détails. J'ai dit peu de chose, mais cela suffit pour nous engager tous à louer Dieu et à marcher dans ses voies. C'est à cela que nous invite la con­naissance de cette vierge, l'épouse de Jésus en qui le Seigneur a imprimé les blessures du côté, des mains et des pieds. Il a fait tout cela pour nous attirer à la contemplation de sa passion et de sa vie, pour nous faire atteindre la perfection de l'amour.

 

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